lundi 3 octobre 2011

#17 Django arrive, préparez-vous !

Cinéma dans le boudoir # 17 – Il y a quelques temps, je vous parlais des différentes têtes d’affiche du western all’italiana. Il était logique que je m’intéresse au personnage le plus emblématique du genre : Django. Tarantino étant sur le tournage de son futur Django Unchained, vous vous doutez bien qu’il me fallait à tout prix être en avance sur lui pour pouvoir mieux vous présenter ce personnage. Véritable tête brûlée, indépendant, revanchard, Django est sans doute le gentil le plus méchant du genre. Son caractère, dansant perpétuellement sur les lames d’un rasoir, a fortement contribué à son propre succès. Il enflamme les passions lorsque Sergio Corbucci sort Django en 1966.

17#1 - Django, de Sergio Corbucci – 1966


Avec Franco Nero, José Bódalo, Loredana Nusciak, Ángel Álvarez...

 Synopsis : Dans un village abandonné (à l’exception de cinq prostituées et d’un patron de saloon), à la frontière mexicaine, deux bandes rivales se disputent la suprématie du territoire : celle du Major Jackson, un américain fanatique et raciste, et celle du Général Rodriguez, un mexicain révolutionnaire. Un étranger, Django, traînant derrière lui un cercueil, arrive en ville…

● Critique : Réalisé avec une maîtrise formelle aussi pointue qu'un film de Leone, l’ambiance de Django est cependant tout autre. Ambiance putride, noire (ciel nuageux), glauque, outrancier, avec un Django, personnage désabusé, qui se retrouve en plein milieu d’une guerre qui n’est pas la sienne. Le rapprochement avec l’homme sans nom de Pour une poignée de dollars n’est pas inintéressant, mais semble bien décalé. En effet, contrairement au personnage de Leone, Django a un but et une histoire (et un nom), en d’autres termes, c’est un personnage bien plus réaliste que l’homme sans nom. Ici, les personnages évoluent dans la difficulté, enfoncés dans de la boue qui les ralentis à chaque pas (ils avanceront dans la neige dans Le Grand Silence). Tous avancent vers un même lieu : la mort. Si bien que la déferlante du nombre de morts (on appelle Django le western aux 147 morts !) s’avérera importante et très impressionnante. La mort est au cœur du film : Le rouge des tuniques des hommes de Jackson renvoie directement à la couleur du sang (quand les tuniques elles-même font référence à celles qui étaient portées par le KKK). Western typiquement décadent (la patte de Corbucci) ou la violence graphique et idéologique prennent le dessus, Django sera logiquement amputé de plusieurs plans particulièrement horribles lors de sa sortie en salle (dont le plan de l’oreille découpée qui sera repris dans Reservoir Dogs). Corbucci répond sans doute aux westerns crépusculaires, sans espoirs et profondément nihilistes, qui commencent à fleurir de l’autre côté de l’Atlantique (les westerns de Peckinpah). Encore une fois un très bon film bien crasseux comme on les aime.

> Disponible en DVD ICI : Z2 France, Wild Side Vidéo, 2006/2007.
LIENTORRENT (VO/VA)

- BDRip, MKV, 4.35GB -

  
17#2Django le bâtard/La Horde des salopards (Django il bastardo), de Sergio Garrone – 1969

Avec Anthony Steffen, Paolo Gozlino, Luciano Rossi, Teodoro Corrà…

Synopsis : Un groupe de dirigeant à vendu son régiment à l’ennemi durant la guerre civile. Parmi les hommes trahis, seul Django a survécu. Plusieurs années s’écoulent avant que ce dernier se lance dans une chasse sanglante contre ceux qui ont causé sa perte.

● Critique : En 1969, le western italien commence à s’épuiser. Preuve en est que celui-ci est d’abord une (première) reprise du personnage de Corbucci avant d’être un western correct. Pendant que certains s’évertuent à creuser toujours plus profondément dans la dimension poétique du genre (Une corde, un colt… de Robert Hossein), et que d’autres, au contraire, continuent dans l’excès de violence (El puro la rançon est pour toi, Sabata…), le film de Garrone constitue sans doute un des plus intéressants westerns réalisés cette année-là. De la même manière que Et le vent apporta la violence, Django agit ici comme un fantôme (de manière plus explicite que dans le film de Margheriti), anti-héros évoluant dans une atmosphère plus proche qu’un film d’horreur gothique que d’un western « classique ». Au-delà de cet aspect intéressant (mais déjà vu), il faut bien reconnaître que le film sèche un peu, autant dans sa mise-ce-scène (zoom et dézooms trop nombreux, cadrage précis mais trop archétypaux) que dans la qualité de l’interprétation de ses acteurs. On a ainsi droit à la performance d’un acteur sorti tout droit des limbes des acteurs aussi charismatiques que des poutres. Mais voilà, son « non-jeu » apporte au personnage un caractère encore plus mystique et mystérieux qu’il n’était jusqu’à présent. Là où le bas blesse vraiment, c’est sur la trame narrative. Tout est couru d’avance, et malgré quelques scènes originales, les moins addict pourront avoir quelques difficultés à suivre le film jusqu’à la fin… Au final, il en résulte un film regardable, plutôt sympathique, mais pas franchement incontournable.

> Disponible en DVD ICI : Z2 France, Seven7, 2010.


17#3 Django porte sa croix (Quella sporca storia nel west/Johnny Hamlet), de Enzo Girolami Castellari – 1968


Avec Andrea Giordana, Gilbert Roland, Horst Frank...


● Synopsis : Retournant dans son village à la fin de la guerre de Sécession, Johnny Hamilton (Django dans la version française) découvre sa mère Gertry dans les bras de son oncle, Claude Hamilton. Confirmant ses rêves prémonitoires, Johnny apprend que son père a été tué par Santana, un bandit mexicain. Sa mère, réconfortée par Claude, a fini par l'épouser. Ce dernier prétend avoir vengé son frère et éliminé Santana. Mais Johnny cherchera par tous les moyens à découvrir la vérité aidé dans sa tâche par son fidèle ami Horace.

● Critique : Il était courant dans les années 1960 (et ce jusqu’à la fin des années 80) que les distributeurs français renomment abusivement les héros de westerns italiens en Django pour exploiter le succès commercial du personnage originel. Mais le scénario étant signé Corbucci, et le personnage étant assez proche du personnage d’origine, on peut effectivement ranger celui-là dans la vague des relectures de Django. Django porte sa croix a été écrit d’après l’histoire d’Hamlet et porte ainsi le genre dans des hauteurs encore jamais atteintes. Pourtant le genre a le profil type pour s’inspirer de Shakespeare, toujours est-il qu’il fallait y penser. Alors que Fulci reprenait la mythologie grecque dans son Temps du massacre, Castellari, l’auteur de Keoma, s’attaque donc aux thèmes chers à Shakespeare. L’histoire est reprise telle quelle (misent à part quelques scènes plutôt sympa, dont une scène de crucifixion), mais Castellari ne s’arrête pas en si bon chemin. L’image s’avère être d’une beauté époustouflante (le directeur photo est Angelo Filippini) sans que les cadrages et les mouvements de caméra n’en demeurent en reste (on me dit que le film est souvent étudié encore aujourd’hui dans les écoles de cinéma italiennes !). Cerise sur le gâteau, les décors aussi sont intelligemment utilisés (tourné en décors naturels, près d’Almeria, comme souvent). Pas grand-chose à rajouter si ce n’est qu’il est urgent de voir ce film, sans quoi vous passeriez devant un des plus grands monuments du genre !

> Disponible en DVD ICI : Z2 Allemagne, Koch Media, 2005. (VOSTangl.)

- DVDRip, Avi, 700Mb -