Cinéma
dans le boudoir # 17 –
Il y a quelques temps, je vous parlais des différentes têtes d’affiche du
western all’italiana. Il était logique que je m’intéresse au personnage le
plus emblématique du genre : Django. Tarantino étant sur le tournage de
son futur Django Unchained, vous
vous doutez bien qu’il me fallait à tout prix être en avance sur lui pour
pouvoir mieux vous présenter ce personnage. Véritable tête brûlée, indépendant,
revanchard, Django est sans doute le gentil le plus méchant du genre. Son
caractère, dansant perpétuellement sur les lames d’un rasoir, a fortement
contribué à son propre succès. Il enflamme les passions lorsque Sergio Corbucci
sort Django en 1966.
17#1 - Django, de
Sergio Corbucci – 1966
Avec Franco Nero, José Bódalo, Loredana Nusciak, Ángel
Álvarez...
● Synopsis : Dans un village abandonné (à l’exception de cinq prostituées et d’un patron de saloon), à la frontière mexicaine, deux bandes rivales se disputent la suprématie du territoire : celle du Major Jackson, un américain fanatique et raciste, et celle du Général Rodriguez, un mexicain révolutionnaire. Un étranger, Django, traînant derrière lui un cercueil, arrive en ville…
● Synopsis : Dans un village abandonné (à l’exception de cinq prostituées et d’un patron de saloon), à la frontière mexicaine, deux bandes rivales se disputent la suprématie du territoire : celle du Major Jackson, un américain fanatique et raciste, et celle du Général Rodriguez, un mexicain révolutionnaire. Un étranger, Django, traînant derrière lui un cercueil, arrive en ville…
● Critique : Réalisé avec une maîtrise formelle aussi pointue qu'un film de Leone, l’ambiance de Django est cependant tout autre. Ambiance putride, noire (ciel nuageux), glauque, outrancier, avec un Django, personnage désabusé, qui se retrouve en plein milieu d’une guerre qui n’est pas la sienne. Le rapprochement avec l’homme sans nom de Pour une poignée de dollars n’est pas inintéressant, mais semble bien décalé. En effet, contrairement au personnage de Leone, Django a un but et une histoire (et un nom), en d’autres termes, c’est un personnage bien plus réaliste que l’homme sans nom. Ici, les personnages évoluent dans la difficulté, enfoncés dans de la boue qui les ralentis à chaque pas (ils avanceront dans la neige dans Le Grand Silence). Tous avancent vers un même lieu : la mort. Si bien que la déferlante du nombre de morts (on appelle Django le western aux 147 morts !) s’avérera importante et très impressionnante. La mort est au cœur du film : Le rouge des tuniques des hommes de Jackson renvoie directement à la couleur du sang (quand les tuniques elles-même font référence à celles qui étaient portées par le KKK). Western typiquement décadent (la patte de Corbucci) ou la violence graphique et idéologique prennent le dessus, Django sera logiquement amputé de plusieurs plans particulièrement horribles lors de sa sortie en salle (dont le plan de l’oreille découpée qui sera repris dans Reservoir Dogs). Corbucci répond sans doute aux westerns crépusculaires, sans espoirs et profondément nihilistes, qui commencent à fleurir de l’autre côté de l’Atlantique (les westerns de Peckinpah). Encore une fois un très bon film bien crasseux comme on les aime.
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Disponible en DVD ICI : Z2 France, Wild Side Vidéo,
2006/2007.
LIENTORRENT (VO/VA)
- BDRip,
MKV, 4.35GB -
17#2 – Django le bâtard/La Horde des salopards (Django il bastardo), de Sergio Garrone – 1969
Avec Anthony Steffen, Paolo Gozlino, Luciano Rossi, Teodoro Corrà…
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Critique : En 1969, le western italien commence à s’épuiser. Preuve en est
que celui-ci est d’abord une (première) reprise du personnage de Corbucci avant
d’être un western correct. Pendant que certains s’évertuent à creuser toujours
plus profondément dans la dimension poétique du genre (Une corde, un colt… de Robert Hossein), et que d’autres, au
contraire, continuent dans l’excès de violence (El puro la rançon est pour toi, Sabata…),
le film de Garrone constitue sans doute un des plus intéressants westerns
réalisés cette année-là. De la même manière que Et le vent apporta la violence, Django agit ici comme un fantôme
(de manière plus explicite que dans le film de Margheriti), anti-héros évoluant
dans une atmosphère plus proche qu’un film d’horreur gothique que d’un western
« classique ». Au-delà de cet aspect intéressant (mais déjà
vu), il faut bien reconnaître que le film sèche un peu, autant dans sa
mise-ce-scène (zoom et dézooms trop nombreux, cadrage précis mais trop
archétypaux) que dans la qualité de l’interprétation de ses acteurs. On a ainsi
droit à la performance d’un acteur sorti tout droit des limbes des acteurs
aussi charismatiques que des poutres. Mais voilà, son
« non-jeu » apporte au personnage un caractère encore plus mystique
et mystérieux qu’il n’était jusqu’à présent. Là où le bas blesse vraiment,
c’est sur la trame narrative. Tout est couru d’avance, et malgré quelques
scènes originales, les moins addict
pourront avoir quelques difficultés à suivre le film jusqu’à la fin… Au final,
il en résulte un film regardable, plutôt sympathique, mais pas franchement
incontournable.
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Disponible en DVD ICI
: Z2 France, Seven7, 2010.
17#3 – Django porte sa croix (Quella sporca storia nel west/Johnny Hamlet), de Enzo
Girolami Castellari – 1968
Avec Andrea Giordana,
Gilbert Roland, Horst Frank...
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Synopsis : Retournant dans son village à la fin de la guerre de Sécession, Johnny Hamilton (Django
dans la version française) découvre sa mère Gertry dans les bras de son oncle,
Claude Hamilton. Confirmant ses rêves prémonitoires, Johnny apprend que son
père a été tué par Santana, un bandit mexicain. Sa mère, réconfortée par
Claude, a fini par l'épouser. Ce dernier prétend avoir vengé son frère et
éliminé Santana. Mais Johnny cherchera par tous les moyens à découvrir la
vérité aidé dans sa tâche par son fidèle ami Horace.
● Critique : Il était
courant dans les années 1960 (et ce jusqu’à la fin des années 80) que les
distributeurs français renomment abusivement les héros de westerns italiens en
Django pour exploiter le succès commercial du personnage originel. Mais le
scénario étant signé Corbucci, et le personnage étant assez proche du personnage
d’origine, on peut effectivement ranger celui-là dans la vague des
relectures de Django. Django porte sa croix a été écrit
d’après l’histoire d’Hamlet et porte
ainsi le genre dans des hauteurs encore jamais atteintes. Pourtant le genre a
le profil type pour s’inspirer de Shakespeare, toujours est-il qu’il fallait y
penser. Alors que Fulci reprenait la mythologie grecque dans son Temps du massacre, Castellari, l’auteur
de Keoma, s’attaque donc aux thèmes
chers à Shakespeare. L’histoire est reprise telle quelle (misent à part
quelques scènes plutôt sympa, dont une scène de crucifixion), mais Castellari
ne s’arrête pas en si bon chemin. L’image s’avère être d’une beauté
époustouflante (le directeur photo est Angelo Filippini) sans que les cadrages
et les mouvements de caméra n’en demeurent en reste (on me dit que le film est
souvent étudié encore aujourd’hui dans les écoles de cinéma italiennes !).
Cerise sur le gâteau, les décors aussi sont intelligemment utilisés (tourné en
décors naturels, près d’Almeria, comme souvent). Pas grand-chose à rajouter si
ce n’est qu’il est urgent de voir ce film, sans quoi vous passeriez devant un
des plus grands monuments du genre !
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Disponible en DVD ICI
: Z2 Allemagne, Koch Media, 2005. (VOSTangl.)
LIENTORRENT (VO)
- DVDRip, Avi, 700Mb -