Cinéma dans le boudoir # 9 - Le giallo atypique. Cette appellation étant quasi un
pléonasme, car qui dit giallo, dit forcément décalé, je dois ici apporter une précision: le "giallo atypique" comme je l'entends, sort du lot, soit parce qu'il ne respecte pas certains codes
relatifs au genre, soit parce qu'il n'est pas un giallo a proprement parler... En effet, sous couvert d'un esthétisme très singulier et/ou d'un travail complètement novateur (au niveau technique
le plus souvent), ayant été à la fois réalisé en Italie entre 1968 et 1978 (l'âge d'or du genre) et ayant une histoire s'articulant de près ou de loin autour d'un meurtre, on a souvent rattaché
ces films au giallo. Mais ces films retiennent souvent l'attention, car proposent souvent "autre chose" qu'une histoire de meurtre. Diaporama !
9#1 - Il Profumo della signora in nero, de Francesco Barilli – 1974
Avec Mimsy Farmer, Maurizio Bonuglia, Mario Scacci...
● Synopsis : Silvia Hacherman travaille pour un grand groupe de recherche scientifique. Elle est ce qu'on appelle une bête de
travail, puisqu'elle consacre tout son temps à celui-ci, malgré les reproches que peut lui faire son ami Roberto quant à son manque de disponibilité. Une nuit, elle assiste à une réunion en
compagnie d'un savant africain aux pratiques occultes et à tendance vaudou. Dès le lendemain, sa vie se voit drôlement chamboulée…
● Commentaire : Le Parfum de la dame en noir (aucun lien
avec le roman de Gaston Leroux) est un film pour le moins étrange. Vu comme une re-lecture d’Alice au pays des merveilles, les autres inspirations sont également nombreuses et diverses
(de Freud jusqu’à Roman Polanski). Sans jamais tomber pour autant dans l’exercice de style, le film est à la fois très personnel et riche. D’une précision d’horloger, Barilli nous fait voyager au
travers d’un univers hypnotique où les tourments de Silvia se rejoignent au carrefour du rêve et de la réalité. Captivant mais surtout très original, Le Parfum est, au final, une
magnifique introspection sur la difficulté à faire son deuil, contribuant le plus souvent à brouiller subtilement les cartes, baladant le spectateur du monde réel au monde des morts, tissant tout
aussi minutieusement une sorte de parabole sur le pouvoir anthropophage que peut aussi constituer, sur l'âme, la perte d'un être cher. Le tout est parfumé d’une partition musicale sublime
(signée par le très talentueux Nicola Piovani – Le Orme -).
Lien Multiupload (Italien, sous-titré français - Mot de passe: lesintrouvables)
● LES SOUS-TITRES SONT UNE DE MES CREATIONS PERSONNELLES
- DVDrip AVI, 722Mb -
9#2 - Le Orme (Footprints on the moon), de Luigi Bazzoni – 1975
Avec Florinda Bolkan, Peter Mc Enery, Nicoletta Elmi...
● Synopsis : Mais qu'arrive-t-il donc à Alice Campos
? Officiant comme traductrice à Rome pour un organisme important, la jeune femme se lève difficilement un beau matin, réveillée par le téléphone. Elle doit remettre un dossier à son employeur.
Sur place, elle apprend son éviction par la hiérarchie à propos de la tâche qui lui était confiée…
● Commentaire : Auteur de L’homme, l’orgueil et la vengeance, un
très bon western inspiré de Carmen et de Journée noire pour un bélier, un autre giallo atypique, Bazzoni est encore un de ces agités de la peloche ayant sniffé du triacétate de
cellulose avant de tourner son film… C’est bien dommage, car, à l’inverse de ses autres films, Le Orme est sans doute le plus intéressant de la filmographie du cinéaste. Dommage car les
autres ont tous été distribué en France ! Le réalisateur s'amuse à perdre le spectateur dans un univers proche d'un roman de Kafka dans la mesure où on ne sait jamais ce qui se passe,
constamment en train de se demander « Mais qu’est-ce qu’il se passe, est-elle folle ou victime d’un complot ? ». Dans ce thriller lorgnant sévèrement du côté de la psychanalyse, on assiste
également au plus beau rôle de la carrière de Florinda Bolkan (Le Venin de la peur, La Longue nuit de l’exorcisme, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon…),
où le personnage d’Alice nous rappelle curieusement celui de Silvia (Mimsy Farmer) du Parfum de Barilli. Et puis, à l’image du film de Barilli, ce « Pas sur la lune » distille
un certain parfum de mystère, égare le spectateur, et privilégie l'ambiance à l'efficacité facile, la comparaison n'est donc purement fortuite. Ici, pas de meurtres spectaculaires, pas d'érotisme
de bazar, pas de gore ni d'effets spéciaux gratuits, mais un climat d'angoisse durement maintenu, le tout, sur une musique entêtante.
> Disponibilité DVD: ICI - ZAll (Italien ou anglais, sous-titré anglais), UK, Shameless, 2009
Lien Filesonic - PART1 (Italien ou anglais, sous-titré anglais - cliquez sur "Slow
download")
- DVDrip MKV, 5.5Gb -
9#3 - La Mort a pondu un oeuf (La Morte ha fatto l'uovo), de Giulio Questi –
1968
Avec Gina Lollobrigida, Jean-Louis Trintignant, Ewa Aulin, Jean Sobieski, Renato
Romano...
● Synopsis : Marc et Anna sont maries mais ne
s'entendent pas. Ils consacrent plusieurs heures par jour à surveiller leurs machines agricoles. Gabrielle, une nièce, vit avec eux et tente d'échapper aux avances de Marc ainsi qu'a celles
d'Anna, aux mœurs spéciales. Etant la seule héritière, elle décide de les supprimer avec l'aide de son fiance...
● Commentaire : Questi est un cinéaste à part. Auteur de seulement 3
long métrages (l’excellent Tire encore si tu peux avec Tomas Milian et Arcana, une arlésienne complètement louf de la production horrifique 70's), il signe La Mort a pondu
un œuf en 1968. Il faut voir le film comme une re-visitation de Lolita façon « Nouvelle Vague »… Sans doute inspiré/compatissant des événements ayant cours en France à ce moment-là,
Questi apparaît ici comme un défendeur de la cause écologiste. Le film est une parabole anticapitaliste, tant au niveau économique que politique. Pour lui, tout cela n’est que vague fumisterie et
même les relations entre les personnages sont tournées en dérision. Questi est à n’en pas douter celui qui a inventé « l’esprit giallo », mais il faudra attendre l’année suivante pour voir
apparaître le premier « vrai » giallo (cf : Cinéma dans le boudoir N°8). La Mort est une expérience et une expérimentation sensuelle et passionnante.
> Disponibilité DVD: ICI - Z2
(Italien ou anglais, sous-titré anglais), Japon, 2002
Lien Megaupload (Anglais, sous-titré français)
- DVDrip AVI, 589Mb -
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