Cinéma
dans le boudoir # 15 – Une
émission consacrée ce week-end aux films de pirates. Les pirates ont toujours
fasciné. Pilleurs, violeurs et tueurs (ceux-là étaient alors pendus « haut
et court » haut pour que tout le monde les voit et court pour économiser
de la corde), la plupart débutaient toutefois leur carrière comme corsaire (au
service d’un état) puis prenait par la suite leur indépendance. Toujours est-il
qu’entre forbans, contrebandiers, flibustiers, boucaniers et autres corsaires
sans scrupules existaient une même envie : celle de l’aventure…
15#1
– Le Pirate des mers du sud (Long John Silver), de Byron
Haskin – 1954
Avec Robert Newton,
Connie Gilchrist, Lloyd Berrell…
● Synopsis : Après
les péripéties de sa chasse au trésor, Long John Silver coule quelques temps
paisibles dans une île des Caraïbes. Un matin, il apprend que son rival, le
capitaine Mendoza, a attaqué un navire anglais, au bord duquel se trouvait son
jeune ami Jim Hawkins. Le pirate part aussitôt à sa rescousse, avec en plus
l'espoir de récupérer un nouveau trésor.
● Commentaire : Aventure-suite inédite au roman de
Stevenson (L’île au trésor a été adapté par le même réalisateur 4 ans plus
tôt), ce Long John Silver rassemble une nouvelle fois le cinéaste Byron Haskin
(Robinson Crusoé sur Mars, La Guerre des mondes, Quand la marabunta gronde…) et
l’acteur « tricornu » qui avait largement contribué au succès du
premier film, Robert Newton (Huit heures de sursis). Il ne dispose toutefois pas
du même budget que son modèle. La raison la plus simple : le premier était
une production Disney, celui-ci est une production indépendante australienne
(à l’époque le cinéma australien n’est pas encore très florissant). Mais malgré tout, les couleurs
flamboyantes, cette aventure rétro, ces combats bondissants vont faire de ce
Pirate des mers du sud un véritable blockbuster des années cinquante, si bien
qu’une série télévisuelle suivra, avec Robert Newton qui gardera ainsi pour
quelques années de plus son costume de pirate. Mais avouons-le, la qualité du
film étant pour l’essentiel basé sur le jeu d’acteur de Newton, plutôt que sur son
scénario un tantinet maigrichon, les moins curieux pourront passer leur chemin. Pour les autres, le film reste quand même très plaisant à regarder.
Disponible en DVD ICI : Z2 France, 2010, Artus Films.
Avec Kabir Bedi, Carole André, Mel Ferrer…
● Synopsis : Quand
le Corsaire rouge et le Corsaire vert, ses frères, se font tuer par le flamand
Van Guld, allié des espagnols et ennemi numéro un des pirates de la région de
Maracaibo, le Corsaire noir fait le serment de les venger en le tuant, lui et
toute sa famille, et promet même son âme au diable s'il l'aide dans cette
entreprise…
● Commentaire : Kabir
Bedi, naît de nationalité indienne, commence sa carrière cinématographique au
début des années 70. En Inde, il endosse le rôle de Sandokan dans une mini-série
puis sur grand écran. Mais c’est à l’étranger, et notamment en Italie, qu’il
trouvera les meilleurs rôles de sa carrière. Tout son potentiel explose dans ce
Corsaire noire, de Sergio Sollima,
qu’il incarne merveilleusement bien. Il réussit à faire de ce personnage à priori sans coeur, un vrai romantique, déchiré par l'amour d'une femme. Malgré un personnage très charismatique, le succès du film sera très mitigé – il est
vrai que les films de pirates et de capes et d’épées ne font plus vibrer
le public à cette période-là – Mais qu'on se le dise, Le Corsaire
noire est une véritable réussite. Tous les ingrédients du genre sont
présents : les scènes d’abordage sont nombreuses, les scènes de duel à
l’épée sont très bien chorégraphiées (et nous rappellent d'ailleurs curieusement le meilleur du wu xia pian ou du western spaghetti !), le méchant-rebelle qui a trop la classe
va se taper la jeune femme prude et belle, etc. Même si on pourra lui reprocher un rythme en dents de scie, la
partition musicale saura quant à elle vous convaincre. Et comme souvent
dans le bis transalpin, c’est honnête et sans chichis. Bref, un cahier des
charges largement respecté.
Disponible en DVD ICI : Z2 France, 2006, Seven7.
● Synopsis : En
1672. Perdus au beau milieu de l’Atlantique sur un radeau de fortune après le
naufrage de leur navire, le capitaine Red et son comparse La Grenouille sont
recueillis par un galion espagnol, le Neptune, commandé par Don Alfonso de la
Torre. Immédiatement enfermés à fond de cale, ils découvrent dans les soutes du
navire un trône en or massif du roi Inca Capatec Hanahuac : le capitaine
Red ne pense plus qu'à une chose, s'en emparer ! Il fomente donc une
mutinerie dans l'équipage en convaincant les marins des mauvais traitements que
leur font subir leurs officiers et réussit à s'emparer du galion.
● Commentaire : Un film de Polanski ici, c’est
possible ? Eh bien oui ! Pirates
peut effectivement être qualifié de Série B (d’excellente Série B). Malgré un
budget colossal et une maîtrise formelle quasi parfaite (comme souvent chez
Polanski) – Il a obtenu le César des meilleurs costumes et des meilleurs décors
- le désintérêt total du public a malheureusement fait tomber le film dans
l’oubli… dans ce sens-là, on peut ainsi inscrire le film dans la longue liste
du cinéma d’exploitation, des films à gros budget déchus. Et puis il y a
l’histoire également. Avec des passages ressemblant fortement à certains des
écrits de Cyrano de Bergerac (Les Etats
et Empires de la Lune), il s’inscrit directement dans la tradition du roman
picaresque. Mais pas que. Pirates est
avant tout un superbe hommage aux œuvres du genre, bien qu’il procède un peu de
la même manière que Le bal des vampires,
avec un duo de personnages principaux identique (maître / élève) dans les deux œuvres,
ainsi qu’un même principe de parodie légère du genre. C’est le comédien Walter
Matthau qui campe l’extraordinaire Capitaine Red, débordant de charisme. Pirates est la dernière
collaboration du compositeur Philippe Sarde avec Polanski. Il faut aussi noter
la corrélation assez frappante entre ce film et un album des aventures de
Tintin, Le secret de la licorne, dont l’imagerie assez caractéristique se
retrouve dans Pirates.
Faut-il voir dans ce cas une transposition des personnages de Haddock et de
Tintin dans les rôles du capitaine Red (qui est physiquement très proche du Capitaine Haddock) et de la Grenouille (joué par Cris Campion, qui
s’avère aussi effacé que Tintin à côté de Haddock) ? Coïncidence curieuse, dans
le même temps, Polanski rencontrera Steven Spielberg, alors détenteur des
droits d’adaptation cinématographique des albums d’Hergé, et il sera fortement
question que Polanski tourne une version du Sceptre d’Ottokar. Hélas, aucune
suite concrète n’est donnée au projet. En 2003, lorsque Verbinski tourne Pirates des caraïbes, le réalisateur
américain avouera s’être beaucoup inspiré du film de Polanski. Un film que
l’on peut voir et revoir des dizaines de fois sans jamais se lasser. Jouissif à
mort !
Disponible en DVD ICI : Z2 France, 2009, TF1 Vidéo.
Liens vérifiés et fonctionnels (le 06/10/11)
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